LES MOYENS DE SUBSTANCE COMMUNAUTAIRES EN DANGER/ INQUIETUDES COMMUNAUTAIRES DANS LES BLOCS PETROLIERS I & II EN RDC

 


LAC  ALBERT EN DANGER!

Lettre ouverte à Monsieur le Président de la République Démocratique du Congo.

Excellence Monsieur le Président de la République Démocratique du Congo,

Nous avons l’honneur de venir auprès de votre haute personnalité pour vous soumettre notre lettre de plaidoyer dont l’objet est mis en marge.

Son Excellence Monsieur le Président,

Les communautés riveraines du Lac Albert et les défenseurs de l’environnement, ont l’honneur de s’adresser à Son Excellences,  pour exprimer leur inquiétude, face à l’engagement du Gouvernement Congolais dont vous êtes Garant, de promouvoir les investissements dans le secteur pétrolier et gazier au niveau national.

En effet pour votre rappel,  Les principales activités économiques dans la zone du projet sont la pêche (avec près de 73% de la population en dépendant pour leurs moyens d'existence), l'élevage et l'agriculture de subsistance à des fins de subsistance mais parfois à des fins commerciales. 41,3% des ménages sont engagés dans la culture agricole, 57,8% dans l'élevage; 68,4% de cultures et / ou d'élevage (MoA 2009).

La pêcherie du lac Albert est la deuxième en importance en Ouganda, après le lac Victoria, avec une capture estimée à 172 000 tonnes par an en 2014. Elle soutient environ 15 400 familles en Ouganda et environ 20 000 familles en RDC, qui dépendent du lac pour leur subsistance (NaFIRRI 2010). L'écosystème du delta de la Semliki au sud du Lac Albert fournit des quantités abondantes de poissons comme source nutritive de nourriture, de revenus et d'emplois pour la population le long de ses rives du Lac et plus à l'intérieur des terres en Ouganda et en RDC. L'amélioration des infrastructures (route goudronnée) en Ouganda a permis à la demande de poisson du lac de se propager trop loin des marchés qui n'étaient auparavant pas accessibles.

Les principaux marchés transfrontaliers pour les produits de la pêche du lac Albert sont la RDC, le Soudan et l'Ouganda. Avec une population combinée de près de 140 millions de personnes. La demande mondiale de poisson frais a augmenté les exportations de poisson, en particulier la perche du Nil, vers les marchés d'Europe et d'autres continents et a entraîné une pression accrue sur les ressources halieutiques.

En plus les blocs pétroliers I et II sont situer dans et autour du bassin du Lac Albert une zone écologique sensible aussi bien pour le pays que dans la région faisant partie intégrante du bassin du Nil et plus particulièrement la source du Fleuve Nil dont les impacts de la probable exploitation du pétrole en cas des déversements des marées noirs touchent directement autant des populations qui dépendent du Fleuve Nil en Afrique et celles de l’Asie et l’Europe via la mer méditerranéen.

En effet, Son Excellence Monsieur le Président, plusieurs dispositions de cet engagement semblent justifier ce projet qui aurait comme objectif « L’amélioration de la situation socio-économique et booster le développement de la RD Congo »

En ce qui concerne les formes d’énergie fossile (gaz et pétrole), rappelons que les gisements des blocs I et II sont localisés dans le Rift Albertin, ayant des écosystèmes très  fragiles, fortement peuplés d’agriculteurs, des pêcheurs, d’éleveurs  et qui chevauchent des aires protégées pour plusieurs d’entre eux riches d’espèces phares et endémiques comme le Gorille de Montagne.

Son Excellence Monsieur le Président, il  a été démontré partout au  monde que toute activité liée à l’exploration des énergies fossiles sont plus nuisibles qu’utiles aux communautés locales ; tel est le cas de notre pays la RDC à Moanda, et d’autres pays au Nigeria en Ogoni Land, en Ecuadore, aux USA à Los Angeles, etc… 

Point n’est besoin de rappeler tous les impacts négatifs de ces activités sur différents secteurs, à savoir :

-          Secteur écologique : la pollution irréversible de l’air, de l’eau et des sols par les hydrocarbures s’accompagne d’effets collatéraux (destruction de la faune et de la flore, stérilisation des sols, etc….).

-          Secteur Economique : profitant de la naïveté des communautés locales, les investisseurs ne respectent  jamais leurs engagements ; d’où la pauvreté persistante. Suite à l’occupation des terres par des entreprises pétrolières et gazières, Il y a lieu de craindre la résurgence des conflits fonciers poussant la population à l’exil, ainsi que l’insécurité résultant de la convoitise des ressources naturelles par les multinationales ; cas  du Nigérian, Burkina Faso, Mali, et l’Est de notre chère patrie la RD Congo, etc…..

-          Secteur socio culturel : La plupart des aires protégées sont des terres cédées  par  les communautés autochtones dont le patrimoine culturel  est menacé de disparition.

Son Excellence Monsieur le Président,

Avec la révolution de la transition énergétique, l’abandon progressif des combustibles fossiles et l’adoption croissante des énergies propres, non polluantes et renouvelables sont visibles dans le monde entier et la demande pour les énergies fossiles diminuera considérablement dans les prochaines décennies.

Sur le plan international, à la COP 26, la RDC notre pays s’est déclaré « Pays Solution au changement climatique » conférence au cours de laquelle notre président de la république démocratique du congo a clairement expliqué que « le changement climatique constitue une menace pour l’homme et ses droits fondamentaux. Notre action en faveur du climat et de l’économie verte comme fondement de notre développement n’est pas seulement une nécessité, mais une obligation urgente pour un avenir pacifique et durable ». Ayant le souci de contribuer pour que notre pays la République Démocratique du Congo de maintenir son statut en tant que « Pays Solution au changement climatique », nous avons le devoir d’apporter notre contribution tel que cette lettre ouverte.

Son Excellence Monsieur le Président,

A l’heure actuelle avec la révolution énergétique dans le monde entier, certaines de nos lois et les engagements de la RD Congo ne permettent pas l’investissement dans les projets d’exploitation du pétrole.

Nous vous remercions sincèrement pour  avoir initié l’évaluation périodique des potentialités  ainsi que les efforts de valorisation y relatifs susceptibles de contribuer au développement des communautés locales ; néanmoins, il nous parait important d’orienter   cette exploitation uniquement  vers les ressources renouvelables par la promotion des activités y afférentes en  l’occurrence :  

o   La promotion de l’agriculture grâce aux terres fertiles que compte la région,

o   La promotion de l’élevage car  la région dispose des vastes espaces appropriés et identifiables ;

o La promotion de la pêche car  la région dispose d’un vaste réseau hydrographique aux ressources halieutiques abondantes et diversifiées ;

o La promotion de l’industrie  touristique, grâce aux curiosités touristiques exceptionnelles présentes dans les différentes aires protégées ;

Son Excellence Monsieur le Président, 

La promotion de l’économie verte parait comme une solution indispensable au développement de l’espace congolais ; car, cette approche a déjà réussi dans le paysage Virunga, avec les projets « Virunga énergies » et « Virunga développement » ; où  l’émergence des micros projets en faveur des communautés locales riveraines du Parc National des Virunga  est  facilitée par l’accès  à l’hydro électricité. Voilà un modèle à visiter pour  appréciation avant une éventuelle adoption.

Son Excellence Monsieur le Président, 

Actuellement la plupart des pays développés et émergents  sont en train de mener des études pour quitter le fossile vers les énergies propres , contrairement en Afrique plus particulièrement en RD Congo ou nous voulons naviguer à contre-courant au risque d’hypothéquer nos valeurs ;  nos mérites dans le domaine de la conservation ; la sagesse exige de la  prudence, des  fois ,on peut  prétendre résoudre un problème pour en créer mille autres plus difficiles à résoudre, tel est le cas de l’exploitation du  pétrole dans le delta du Niger en titre d’exemple. 

Son Excellence Monsieur le Président,

Partant des lois et des engagements de la RD Congo dans la lutte contre le changement climatique, il n’est plus opportun d’investir maintenant dans les extractions pétrolières. 

Au regard de ceux qui précèdent et conscient que l’exploitation du pétrole peut influencer une croissance économique appauvrissante avec des conséquences néfastes sur l’environnement et sur la vie humaine et considérant les valeurs intrinsèques de la diversité biologique, et convaincu du rôle que joue le Lac Albert et les zones humides du Delta de la Semliki dans la lutte contre le changement climatique tout en contribuant dans la régulation saisonnière au profit des communautés locales et peuples autochtones de la région des grands lacs, le lac Albert et le Delta de la Semliki méritent mérite une protection spéciale par na nation congolaise et le reste du monde.

Son Excellence Monsieur le Président, 

Avec les motivations ci-dessus et pour ne pas rester en retard dans la révolution énergétique, le Forum des Engagés pour le Développement Durable  et la Fédération des Comités des Pêcheurs du Lac Albert avec appui communautaires des différents regroupements des femmes, des jeunes, des éleveurs, des agriculteurs et autres compatriotes ; nous vous recommandons Excellence Monsieur le Président de la République Démocratique du Congo et tous ceux qui nous lisent en copie de :  

A : pour le cas de la RD Congo 

Ø  Retirer les blocs pétroliers I et II sur la liste de 27 blocs pétroliers mis en vente aux enchères par le gouvernement congolais ;

Ø  Faire respecter les engagements du pays sur le climat (COP 26, Accord de PARIS) pour maintenir le pays au statut du pays solution aux changements climatiques ;

Ø Désinvestir dans les hydrocarbures tout en investissant dans les alternatives des énergies propres, non-polluantes et renouvelables ;

Ø Impliquer la RD Congo dans la course mondiale des alternatives des énergies renouvelables entant que pays solution au changement climatique.

Ø D’orienter   cette exploitation uniquement  vers les ressources renouvelables par la promotion des activités y afférentes en  l’occurrence :  

o   La promotion de l’agriculture grâce aux terres fertiles que compte la région,

o   La promotion de l’élevage car  la région dispose des vastes espaces appropriés et identifiables ;

o La promotion de la pêche car  la région dispose d’un vaste réseau hydrographique aux ressources halieutiques abondantes et diversifiées ;

o La promotion de l’industrie  touristique, grâce aux curiosités touristiques exceptionnelles présentes dans les différents sites disponibles. 

B : En ce qui concerne l’exploitation du pétrole en Ouganda

Il est convenu dans l’accord bilatéral du 08 Septembre 2007 signé à Ngurdoto/Tanzanie portant sur la coopération bilatérale dans son chapitre II : de la coopération économique à son article 4 qui stipule : « De la gestion des Ressources Naturelles Transfrontalières et de la régulation du commerce transfrontalier des matières des matières minérales »

Le point 3 qui parle sur les hydrocarbures que nous citons « les paries confirment leur volonté de coopérer dans l’exploration et l’exploitation communes des champs des hydrocarbures transfrontaliers ;

A cet effet, elles conviennent dans le point « d » que: les parties s’engagent à échanger les informations, l’expérience et expertise en matière des hydrocarbures » : 

Ø  Ainsi donc, Excellence Monsieur le Président de la République Démocratique du Congo, nous communautés riveraines du Lac Albert et de la Rivière Semliki qui sont des ressources en eau transfrontalières entre la RDC et l’Ouganda et vue les dangers qui nous guettent de l’exploitation du pétrole dans et autour des bassins du Lac Albert et de la Semliki, avons besoin d’accéder aux informations partagées par l’Ouganda sur ces projets pétroliers KINGFISHER et EACOP du fait que nous subissons les conséquences directs et indirects desdits projets en RD Congo (inondations, sècheresses prolongées, etc… avec leurs conséquences graves. (Rapport FORED 2022)) ;

Ø  Nous rappelons que nous avons droit à la justice climatique, à la vie saine et à un bon environnement d’où nous vous demandons, Son Excellence Monsieur le Président, de collaborer avec l’entreprise TotalEnergies qui est responsable du projet EACOP de consulter les populations congolaises riveraines du Lac pour nous demander nos avis sur le projet en organisant des audiences publiques en RDC ;

Dans l’espoir que vous allez nous réserver une suite favorable dans le respect des lois et les engagements de la RD Congo sur le climat, nous vous prions d’agréer, Son Excellence Monsieur le Président de la République Démocratique du Congo, l’assurance de nos sentiments patriotiques pour un développement durable.

 


KAKULE LUFUKARIBU John TOLY

Défenseur de l’Environnement/RD Congo et Directeur Exécutif/FORED 


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